Sur les traces de ceux qui nous ont précédés à Mouzillon

Les lieux collectifs hors de Mouzillon

La population Mouzillonnaise a aussi vécu au rythme de rassemblements collectifs qui étaient autant de lieux de rencontres qui enrichissaient les relations et qui permettaient de vendre et d'acheter des biens de production et de consommation.

Le marché et les foires de Clisson

Depuis le XVème siècle, Clisson dispose de halles que l'on peut encore observer.

Ces halles avaient été construites pour abriter le marché qui existait déjà. Ce marché à sûrement pris différentes configuration au fil des 6 derniers siècles. Cependant il ne fait pas de doute que les Mouzillonnais y sont allés pour vendre leur production et pour acheter divers objets de consommation.

Ce marché ainsi que la foire aux bovins qui se tenaient place Saint-Jacques jusqu'en 1960 puis au foirail jusqu'au début du XXIème siècle, rassemblaient les hommes et les femmes des communes et des cantons environnants de Loire-Atlantique et du Maine-et-Loire.

Le développement des commerces à Clisson est un témoignage de cette activité.

Les producteurs d'animaux, de produits textiles, de légumes pouvaient trouver là quelques débouchées pour leur production; ils rencontraient des commerçants. des acheteurs. Et en contrepartie ils bénéficiaient de l'offre des produits manufacturés de cette vallée industrieuse de la Sèvre Nantaise.

Les échanges ont certainement eu un impact sur les relations humaines. Peut-être faut-il trouver là l'origine des mariages entre Mouzillonnais et conjoint de Gorges, de Clisson, de la Bernadière, de Montigné-sur-Moine, de Saint-Crépin ?

La fête de la Saint Louis à Vallet

Chaque année, le 25 août ou le dimanche le plus proche, Vallet fête la Saint-Louis. Cette fête regroupe de nombreux forains et draine une population des communes voisines au-delà du canton.: le Loroux-Bottereau, Tillières, Gesté, La Remaundière, la Boissière-du-Doré...

Cette fête pourraient avoir une origine qui remonte au XIIIème siècle.

Dans son livre "Histoire de Vallet", Jean de Malestroit explique bien le passage par Vallet de Louis IX, accompagné de sa mère Blanche de Castille en mai 1230. Venant de Clisson "Pour gagner Ancenis,[... ils] passent la Sanguèze au pont romain de Mouzillon, puis traversent Saint-Laurent-des-Autels et Liré..." "En 1230, Vallet n'est qu'un village, groupé autour de sa chapelle Saint Michel. Pas encore une paroisse (en 1272 seulement). Il ne s'y trouve pas davantage de château de quelque envergure. Or la halte d'un roi, entouré de son cortège, n'est guère concevable à cette époque sans l'accueil d'un établissement religieux ou d'une seigneurie de suffisante importance." Louis IX est donc vraisemblablement passé sans s'arrêter.

Cet événement historique a laissé des traces. Les châtelains ont mis à profit cette tradition, comme ceux du Cléray qui ont fait construire leur chapelle Saint Louis. Saint Louis est devenu, pour une part de la population conservatrice, au cours de l'ancien régime et au XIXème siècle, un prototype de l'unité entre la royauté (comme régime politique) et le christianisme (comme religion). Cette démarche aristocratique et religieuse a constitué un repère de l'histoire de Vallet.

Pourtant la fête de la Saint-Louis existe toujours fin août. Cette fête est un lieu d'échanges et de relations sur un mode ludique. Ce type de fête a pu créer une ouverture dans le réseau relationnel des Mouzillonnais.

Le marché de Vallet

Chaque dimanche matin, un marché se tient sur grande place de Vallet. Ce marché existaient au XIXème siècles. Depuis quand rassemble-il la population locale ? Quoi qu'il en soit c'est un lieu de rencontres qui a compté pour de nombreuses générations et qui compte encore. L'affluence dans les cafés de Vallet le dimanche matin, le nombre de commerçants qui se sont installés sur cette place, la densité de population qui y circule en sont un témoignage.

Dans quelle mesure ce marché a-t-il conditionné la vie des Mouzillonnais ? La réponse à cette question reste encore à construire.

Les bateaux sur la Sèvres

Un acte de décès enregistré à la paroisse de Monnières attire notre attention :

"Le lundi 6 octobre 1692 a été inhumé dans le cimetière de Monnières le corps de défunt Pierre BESNIE qu'on nous a dit être ainsi dénommé et de la paroisse de Ingrandes, au-delà d'Ancenis, charpentier de bateaux qui a travaillé à raccommoder des bateaux au Pont de Monnières et qui a logé l'Epau pendant 15 jour environ, chez le sieur Jean DABIN et femme hotes tenant vin en ce bourg et lequel l'a trouvé mort le jour d'hier dimanche 5 octobre gisant mort dans le jardin en la métairie de L'Aunay dépendant du marquisat de la Galissonnière et du jardin du village du Pé Sèvre dont le corps a été levé par hommes des affaires du Marquisat de la Galissonnière le jour d'hier et information par eux faite que la mort du dit défunt est arrivée de régle. Il était garant d'esprit et sain jugement et qu'il était catholique apostolique et romain, ainsi qu'il a été informé par le procès verbal des messieurs les dits juges ayant trouvé sur la manche de son habit une croix à lui donnée par les R; prêtre jésuites qui ont fait depuis peu une mission en cette paroisse. En conséquence de laquelle information et suivant icelle mort soussigné Recteur de Monnières j'ai inhumé dans le cimetière de séant le jour et an préscence de Maitre Noel..."

Cette sépulture atteste que la Sèvre était navigable à la fin du XVIIe siècle au niveau du pont de Monnières (Port Domino) et au niveau du Pé de Sèvres. C'était donc un lieu de transport pour rejoindre la Haye-Fouassière, Vertou, Rezé et Nantes.

Michel DUBOUEIX confirme dans "La topologie médicale de la ville de Clisson" (1788) :

"La Sèvre, coulant du sud-est au nord-ouest, traverse la ville dans la gorge des deux collines, sur le penchant desquelles elle est bâtie, & va se jeter dans la Loire, à Nantes, à l’endroit appelé Pont-Rousseau. Cette rivière est navigable depuis Nantes jusqu'au bourg de Monnière, qui est situé à une lieue & demie de Clisson. Il serait très possible & peu coûteux de la rendre navigable dans toute cette étendue. Si ce projet, très utile pour le commerce de ce pays, s’exécutait, les denrées de l'Amérique & des Indes, qui sont transportées dans le Poitou & dans le bas-Anjou par des chevaux qui passent à Clisson, arriveraient jusqu’à cette ville sur des gabarres, ce qui épargnerait douze lieues de trajet par terre. Il y a lieu d’espérer que les États de Bretagne, occupés dans ce moment à ouvrir plusieurs canaux navigables, ne négligeront pas un travail peu dispendieux, en comparaison du bien qui en résulterait pour la province"